2002       2003     2004       2005

2006


2007
2008

2009


PHOTOS LITTERAIRES d’(a)normalité(Janvier)
Manifeste 2006. Art, Poésie et Vie(Février)
Les mèmes, supports de l’évolution culturelle(Mai)
Le regard de la lanterne, vous connaissez ?(Septembre)

 

 

 

 

Photos litteraires d’(a)normalité(Janvier)

 

 

Illusion

 

Je suis en train de regarder une revue qu’on m’a offerte avec un journal. La moitié de ses pages est consacrée à la publicité. J’admire les belles images, je lis entièrement les titres en majuscule, je survole les articles, je retiens quelques mots, quelques idées…  Mon devoir terminé, je ressens une très forte sensation d’inadéquation et un grand désir de posséder plus que je ne possède déjà… d’être, moi aussi, célèbre; d’avoir, moi aussi, des belles femmes… mais, ce dernier désir est frustré par la peur des maladies (je l’ai bien lu dans cette même revue!). J’éprouve un sentiment d’admiration pour les personnages célèbres et en même temps un sentiment d’échec total qui concerne ma vie. J’ai envie d’être comme eux, de faire ce qu’ils font, d’aller où ils vont… J’ai ouvert la revue pour me détendre, pour fuir quelques instants le bruit du monde… je me retrouve tout à coup angoissé par une quantité de problèmes que je n’avais pas avant. Une frénésie me trouble… on m’a donné envie d’être quelqu’un de différent, on m’a fait comprendre que je ne me plais pas tel que je suis… on a transformé mon âme. Maintenant, tiraillé entre le désir et la peur, il n’y a pas d’autre chose à faire que d’acheter des objets qui peuvent me donner l’illusion d’être comme eux

(Enrico Magnani, PHOTOS LITTERAIRES d’(a)normalité, Ramatuelle/S. Tropez, été 2002)

 

 

Manifeste 2006. Art, Poésie et VieFévrier


De cristina Castello: http://www.cristinacastello.com


Le « Manifeste 2006. Art, Poésie et Vie » est un texte que j'ai enfanté à quatre mains
avec l’écrivain Ricardo Dessau.
À lui le cri, à moi le chuchotement, aussi vigoureux qu’un cri.
C’est un cri pour la liberté et la révolution du mot.
C’est un appel à la conscience profonde.
Il invite à dévoiler et à jeter bas les masques.
Alors que de plus en plus dans le monde
le glas d’une foule d’esclaves fait entendre ses plaintes,
le « Manifeste » dit « Assez ! » aux troupeaux.
Il dit « Assez ! » à tant de –poètes ?- courtisans du Pouvoir.
Dans ce cri et dans ce chuchotement puissant battent les cœurs de maints poètes.
Al Hallaj, crucifié à Bagdad il y a cinq cents ans.
Federico García Lorca, Desnos, Celan, Miguel Hernández, Paul Éluard,
Juan de Yepes –aujourd’hui Juan de la Cruz-, Nazim Hikmet, Ovidio, César
Vallejo, et tant d’autres. Massacrés, emprisonnés ou exilés.
Et le cœur d’Arthur Rimbaud bat toujours et fait battre le mien avec son défi
plus que jamais actuel :
« Changer la vie »

 

Le manifeste en entier:

http://www.cristinacastello.com/Frances/frances/manifiesto.html

Pour adhérer au Manifeste :
s'il te plaît, envoie un message à : manifeste@cristinacastello.com
en complétant les données suivantes :
Prénom et nom de famille :
Activité :
Ville :
Pays :
Site Web : Optionnel


Les mèmes, supports de l’évolution culturelle Mai
Par Pascal Jouxtel

En deux mots : Depuis 25 ans, des chercheurs de toutes origines se demandent s’il pourrait exister un équivalent culturel de l’ADN, c’est-à-dire une forme de réplicateur qui transmette par un processus de contagion ou d’imitation les solutions inventées ça et là par la culture humaine.

Le mot mème : d’où vient-il ? Il apparaît dans le livre de l’éthologiste Richard Dawkins Le gène égoïste, 1976, chapitre 11. Dawkins choisit un monosyllabe ressemblant à gène, mais rappelant les idées de mémoire, de ressemblance (du français « même ») et d’imitation, ainsi que l’idée de plus petite quantité d’information. Bref, un mot génial, bien trouvé, imparable. Un pur réplicateur qui s’ancre davantage dans votre mémoire chaque fois que vous essayez de l’oublier !

La possibilité que la sphère des humanités ouvre sa porte au modèle darwinien n’est pas sortie d’un chapeau. On la trouve par exemple chez Monod, dans Le hasard et la nécessité. Elle est même bien plus ancienne que cela, puisque la formule remonte à Démocrite. Le vivant s’étend au-delà de l’aventure biologique liée à l’ADN. L’idée d’un monde des idées, ou noosphère, a été introduite par l’anthropologue Teilhard de Chardin. L’hypothèse que les lois de la vie peuvent aussi s’appliquer aux machines, et à des créatures purement faites d’information, se trouve à la base des intuitions bouleversantes de chercheurs comme A.Turing et J.Von Neumann, qu’on peut considérer comme les pères de l’informatique moderne. L’épistémologie évolutionnaire de Friedrich Von Hayek en est une autre illustration.

Mais surtout, l’expérience quotidienne nous montre une divergence et une accélération très voyante du fait humain, dans sa séparation d’avec la nature : Agriculture, urbanisation, transports, sont visibles de l’espace, tout comme y sont audibles nos émissions de radio, sans parler des traces que nous conservons, nos livres, codes de lois, arts, technologies, religions…

Notre cerveau consomme plus d’un quart de l’énergie du corps au repos. Ce pourcentage qui était relativement stable chez les préhominiens, a doublé « d’un coup » en à peine un million d’années.

On ne sait plus exactement si c’est l’homme qui a propulsé la culture ou si c’est la culture qui a tiré l’homme hors de son origine purement animale, vers autre chose. L’homme a évolué plus vite, grâce à ses outils. L’étude de l’hominisation révèle régulièrement une co-évolution, un partenariat. Un entraînement mutuel entre le biologique et le culturel. Qui dit mutuel, dit deux.
Leroi-Gourhan nous raconte la co-évolution de l’outil, du langage et de la morphologie (face et main). Lévy-Strauss nous parle de l’autonomie de l’organisation culturelle, par-delà les différences ethniques.
Durkheim revendique l’irréductibilité du fait social à la biologie.

Parallèlement, l’observation des sociétés animales démontre que la nature produit des phénomènes collectifs, abstraits, qui vont bien au-delà des corps. La sociobiologie animale s’est concentrée sur les sociétés d’insectes et de primates, montrant que des comportements sociaux très évolués relèvent du phénotype étendu, c’est-à-dire du travail à distance de l’ADN (techniques, langage, répartition des tâches, schémas de coopération).

Certaines extensions, très radicales, de la sociobiologie à l’homme voudraient que toutes nos capacités soient codées génétiquement, et donc que des pratiques culturelles comme l’architecture, le droit, l’économie ou l’art ne soient qu’un phénotype étendu de l’homme. Ces travaux ont été rejetés surtout du fait de l’attitude de certains auteurs qui refusaient toute existence aux sciences sociales.

Aujourd’hui, la volonté de réduire les comportements à leurs avantages évolutionnaires biologiques s’est recentrée sur le fonctionnement du cerveau par le biais de la psychologie évolutionniste. On admet maintenant que le cerveau est modulaire, que le schéma général de ses modules est inscrit dans les gènes, mais que leur construction se fait sur la base des flux cognitifs, des apports d’expériences qui sont vécus par l’enfant au cours des premières années de sa vie. D’où le fait que chaque personne soit unique et que les gens pensent si différemment selon leur culture, alors que toutes les principales aptitudes du cerveau font appel à des zones situées à la même place et selon le même schéma chez tous les peuples de la terre.

On peut citer une foule d’exemples (les travaux de Steve Pinker en sont pleins, notamment) de façons d’agir ou de penser qui ont clairement eu au cours des âges des effets bénéfiques sur la survie des personnes qui étaient naturellement aptes à les pratiquer. La peur du noir, la capacité de déguiser ses motivations, le désir de paraître riche, et même des choses plus subtiles comme la tendance à croire à une continuation de la vie après la mort, à une providence qui aide, à une vie dans l’invisible, et jusqu’au réflexe intellectuel consistant à supposer un but à toute chose, tout cela peut s’expliquer par des avantages évolutionnaires accumulés par nos ancêtres.

Cependant, il existe une portabilité incontestable des idées, des modes de vie, des techniques, bref des solutions de la culture, et il existe également des compétitions entre les modèles (exemples : commerce, mode, politique), le tout se jouant sur des échelles de temps qui laissent « le vieux gène essoufflé loin derrière ».

D’où l’hypothèse révolutionnaire d’un autre réplicateur, indépendant de l’ADN, qui serait apparu à la racine même du processus d’hominisation.

Les arguments avancés par Susan Blackmore dans the meme machine sont très éloquents :
La limitation des naissances, une pression culturelle qui ne va pas dans le sens des gènes,
Le développement du cerveau, ce mangeur d’énergie dangereux pour la mère et son enfant, qui n’a d’utilité que pour transmettre des informations, des méthodes, brefs des mèmes, alors que d’autres primates survivent très bien avec un organe beaucoup moins gourmand,
L’apparition du langage en prolongement du grooming, pratique tribale du soin mutuel, c’est-à-dire sans finalité autre que de maintenir un lien, et avec l’imitation, l’apparition naturelle de règles, de complexité, d’une grammaire.

Mon argument, inspiré d’une formule de Luca Cavalli-Sforza : Aujourd’hui, l’évolution naturelle de l’homme est terminée car tous les facteurs naturels de sélection sont sous contrôle culturel. Tous les facteurs qui pourraient influencer la fécondité ou la mortalité infantile sont soit maîtrisés soit dépendants de facteurs géopolitiques, économiques ou religieux. En revanche, la culture, elle, continue à évoluer : les lois évoluent, mais aussi l’art, les technologies, les réseaux de communication, les structures de pouvoir, et les systèmes de valeurs qui deviennent de plus en plus intégrateurs. Il est pour moi raisonnable d’admettre l’existence d’un réplicateur autonome de la culture.

Mais alors, le grand changement, c’est que les mèmes et les solutions qui leurs servent de créatures, donc de machines de survie, évoluent pour leur propre compte, en exploitant le terrain constitué par les réseaux de cerveaux humains, mais indépendamment, et parfois au mépris des besoins de leurs hôtes biologiques.
Ce sont des solutions mémétiquement évoluées qui sont aujourd’hui capables de breveter un génome. Il en va de même des religions et des systèmes politiques qui tuent. La plus majestueuse de toutes ces solutions s’appelle Internet, le cerveau global.

Pour se propager à l’aise, rien de tel qu’un réseau. Comme les insulaires du pacifique ont maillé leur réseau à grand coup de pagaies, les mèmes nous tissent et nous relient comme autant de passerelles. Il est parfaitement logique, du "point de vue" du deuxième réplicateur - bien que celui-ci reste dénué d'intention - d’assurer une plus grande continuité dans le tissu de son substrat biologique (les humains), tout comme les habitants de Venise ont construit des ponts aux quatre coins de leur cité... Tout ce qui relie les humains est bon pour les mèmes.

Il est logique, dans la même optique, de coder de façon de plus en plus digitalisée tous les modèles qui doivent être transmis, stockés et copiés. C’est ainsi que le monde se transforme de plus en plus en un vaste Leroy-Merlin culturel, au sein duquel il devient chaque jour plus facile de reproduire du prêt à penser, du prêt à vivre, du prêt à être.

A mesure que l’on se familiarise avec l’hypothèse méméticienne, il devient évident qu’elle invite à un combat, à une résistance et à un dépassement. Elle nous montre que des modèles peuvent se reproduire dans le tissu social jusqu’à devenir dominant sans avoir une quelconque valeur de vérité ou d’humanité.

Elle nous pose des questions comme : que valent nos certitudes ?
De quel droit pouvons-nous imposer nos convictions et notre façon de vivre ?
Qu’est-ce que je peux appeler « moi » ?
Comment puis-je dire que « je pense » ?

Ce n’est que le commencement d’un nouveau grand chantier de la pensée humaine, peut-être le plus grand jamais ouvert. Nous n’en sommes qu’aux fondations.

http://www.memetique.org/citationdujour/index.php

Le regard de la lanterne, vous connaissez ? Septembre
de florence issac

 

Jardin du Regard de la Lanterne
Dès le 12è s, les abbayes parisiennes qui possédaient des terres sur la colline de Belleville firent venir ses eaux de source par des aqueducs souterrains. De petites constructions permettaient de les surveiller, comme ce Regard de la Lanterne.

D’où vient l’eau que nous buvons, notre source de vie ?


C’est à l’occasion de Journée du patrimoine que j’ai découvert un monument de mon quartier(place de fêtes, 19è). Le hasard a fait que je m’y étais attardée quelques jours plus tôt en supposant que cet édifice était une chapelle. Quel surprise de retrouver parmi les grands ensembles froids et secs des années 70 qui encadrent l’actuelle place des fêtes, ce chef d’œuvre d’un autre temps, intact et encore vivace même si inusité. En fouillant plus loin mes investigations, je me rends compte que la préservation de ce site a été réalisée par un groupe humain l’association l’ ASNEP et je découvre également en tapant sur google des associations qui travaillent à la réhabilitation d’autres patrimoines. Des actions primordiales, il me semble pour garder les traces d’un passé où les bâtiments sont des modèles d’élégance, d’art et d’ingéniosité

Mais plus de mystères, je vous explique ce bijou
Un regard est une sorte de « chambre » visitable où aboutissent et d’où partent des conduits. L’eau y fait relais dans un bassin et s’écoule ensuite dans la direction des fontaines qu’elle doit desservir. Le regard de la lanterne constituait la tête du Grand Acqueduc de Belleville érigé en 1583 et1613. Le bassin recueillait le produit de trois pierrées(drains en pierres sèches)
C'est un symbole de vie ce lieu relais d’où partaient la destinée de plusieurs rivières qui alimentaient en eau tous les foyers parisiens semblable à des veines qui s’écoulaient et innervaient la ville de son élixir. Imaginer qu’elle reste indemne depuis quelques centaines d’années plutôt laisse songeur. Je ne peux m’empêcher de penser que le progrès n’a rien apporté de meilleur, au contraire.

Mais allez sur le site de francis cahuzac pour en découvrir davantage et pourquoi pas si l'idée vous vient de vous investir davantage à une belle oeuvre! tant de choses restent à faire!

http://cfpphr.free.fr/aqueduc.htm