2008
Février
Une ânerie
de Paul Desalmand.
Chaque année, en France, plus de cent millions de livres sont détruits, soit un cinquième de la production. Ils vont, comme on le dit, au pilon. Cela signifie qu’ils sont broyés pour servir ensuite à faire de la pâte à papier. Les pessimistes se désolent de ce gâchis. Les optimistes tempèrent en disant qu’il y a tout de même quelque chose de réconfortant dans le fait que le livre se réincarne puisque les livres détruits servent, du moins dans le meilleur des cas, à faire d’autres livres.
Ces livres détruits proviennent essentiellement des grosses maisons d’édition et cette pratique n’épargne pas les auteurs à grande vente. Les petites maisons d’édition procèdent à des petits tirages et s’il leur reste un stock mort de quelques centaines d’exemplaires, elles s’arrangent avec un soldeur. Les grosses maisons partent du principe que plus un livre se trouve sous les yeux du public, plus il a de chances de se vendre. Elles ont donc tendance à traiter de plus en plus le livre comme un magazine. Il est mis en place dans le plus grand nombre possible d’endroits. On sait qu’il y aura ce que, dans la presse, on appelle un « bouillon » c'est-à-dire un pourcentage d’invendus. Ce n’est pas grave. Même avec un bouillon de 50 %, l’opération peut demeurer rentable. Mais pas question de récupérer les livres non vendus et de les stocker. Il faut les détruire et passer au suivant.
L’ânerie consiste à dire : — Mais pourquoi ne pas
donner ces livres en Afrique où les besoins sont énormes ? On
pourrait déjà s’interroger sur cette charité qui
consiste à se débarrasser de nos rebuts en direction des pays
pauvres ? Et se demander si elle ne se situe pas dans la tradition coloniale.
Mais surtout, procéder ainsi, déverser chaque année sur
l’Afrique des dizaines de millions de livres, ce serait tuer l’édition
africaine qui essaie tant bien que mal d’émerger. Ce serait de
plus néfaste sur un plan strictement culturel, puisque ces livres, pour
une bonne part d’entre eux, sont loin des préoccupations des Africains
et leur contexte culturel.
Le pilon est inhérent à la société capitaliste fondée
sur le risque et la recherche d’un profit maximal dans un temps minimal.
L’éditeur est un joueur. Il sait qu’il n’y aura qu’un
livre sur dix qui va marcher, ou moins, mais cela suffit pour engranger des
profits. Il sait qu’il y aura un bouillon plus ou moins important, mais
cela entre dans les calculs de rentabilité.
Dans un débat récent, on m’a demandé pourquoi ces grosses maisons publient de jeunes auteurs inconnus. La réponse est simple. Les raisons du succès sont mystérieuses. Si l’on savait ce qu’il faut faire pour réussir, on le ferait. Ce jeune auteur est une prise de risque. On ne comprend le monde de l’édition que si l’on intègre l’idée que les éditeurs sont plus des joueurs que des thésauriseurs.
Le projet de donner les livres condamnés aux « nécessiteux » de notre pays ne vaut pas mieux. Ces couches sociales qui achètent peu de livres n’en achèteraient plus du tout, ce qui évidemment peinerait les éditeurs. De plus, le phénomène a été constaté, ce serait créer un marché parallèle. On a même vu des livres donnés à un pays francophone proche revenir sur le marché français.
Demander la suppression du pilon revient en fait à demander la suppression du système capitaliste. Je ne suis pas contre, mais on n’est pas parti pour. Tant qu’on reste dans ce système, le livre est un produit comme un autre. Ceux qui, dont moi, sont heurtés par la destruction de ces millions d’œuvres de l’esprit vivent encore avec en tête le côté sacré du livre. Mais le système capitaliste se caractérise par la destruction de tout sacré excepté le fric.
Paul Desalmand.
MARS
Une insurrection des consciences
de Jacques Salomé
Aller vers une « insurrection des consciences », je m’approprie
cette belle expression de Pierre Rabhi, amplifiée par Nicolas Hulot qui
nous invitait dans son dernier livre à « rassembler les énergies
dispersées, les bonnes volontés éparses, changer notre
regard sur le monde, le vivant, l’avenir, faire naître une nouvelle
espérance, transformer la fatalité qui nous attend en décision
mûrement réfléchie, tourner le dos aux sécurité
trompeuses comme aux espérances vaines, admettre que chacun porte en
soi un fraction de vérité et une fraction de solution »
.
Dans de nombreux endroits du monde et de notre pays, il y a des gens qui se
rassemblent, se rapprochent, qui créent des liens, qui innovent, qui
re inventent leur vie, qui dynamisent différemment leur relation au travail.
Des femmes et des hommes qui se relient à une culture plus proche de
leurs aspirations profondes. Des êtres qui trouvent des moyens au ras
des pâquerettes (je veux dire par là avec simplicité) pour
lutter contre l’exclusion, pour oser se confronter à la misère
(plutôt que de l’ignorer ou de la nier), pour introduire plus de
vivance dans leur vie, pour donner à leur existence un autre goût.
Des hommes et des femmes qui entrent en résistance face au pouvoir de
l’argent, contre l’indifférence et le silence, face à
l’individualisme et au consumérisme.
Des hommes et des femmes qui donnent vie à des utopies, à des
pratiques de vie qui ne font l’objet d’aucune publicité,
d’aucune information, mais qui marquent une autre façon d’être
au monde, un besoin (et non seulement un désir) de se réapproprier
un pouvoir de vie. Je crois ceux qui nous disent que la solidarité doit
s’inventer tous les jours, rayonner, résonner à partir de
comportements même minimes, ancrés dans une façon nouvelle
c’est à dire avec moins de dépendances à l’argent,
de nous confronter au monde. Je crois à des actions régulières,
suivies pour nourrir une croissance personnelle et collaborer à une décroissance
matérielle pour protéger notre environnement proche. Je suis de
ceux qui pensent qu’une révolution interne est en cours. Je ne
sais si cette révolution sera pacifique, car le mot insurrection contient
en lui même une violence potentielle, mais je sens qu’elle sera
inévitable et douloureuse pour tous ceux qui sont en recherche pour participer
à la prise en charge d’un monde meilleur.
L’expression « prise en charge de notre monde » indique bien
le niveau de notre responsabilité. Nous sommes des êtres planétaires,
concernés à chaque instant par tout ce qui se passe sur notre
planète. Nous ne pouvons plus nous débarrasser de cette responsabilité
sur nos enfants et descendants. Nous avons à l’assumer et cela
supposera d’indispensables privations, des nécessaires contraintes
et surtout des mutations. Mutations de nos modèles, de nos structures
mentales, de notre vision de l’avenir, de notre perception de la vie,
de la relation à notre corps, de la communication qui devra devenir plus
relationnelle, moins fonctionnelle, plus ouverte à l’écoute
de nos besoins relationnels.
Une insurrection des consciences supposera d’accepter de changer et de
développer une autre façon de nous relier aux autres.
Jacques Salomé est l’auteur de :
Et si nous inventions notre vie. Ed du Relié
Le courage d’être soi. Pocket
Une vie à se dire. Pocket
Site : www.j-salome.com
MAI 68
Mai 2008, oser penser ? oser parler ? oser agir ? Mai 68 – Mai 2008 : liquidation avant fermeture ? Collectif pour un appel à la Fête, à la réflexion, à l’expression et à l’avenir. « Dans cette élection, il s’agit de savoir si l’héritage de Mai 68 doit être perpétué, ou s’il doit être liquidé une bonne fois pour toutes. Je veux tourner la page de mai 68 » (discours de Nicolas Sarkozy à Bercy, 29 avril 2007). Mai 68 et la gauche seraient, selon le Président de la République, la cause de tous les désordres et de toutes les immoralités de notre société : repentance, délinquance, fraude, jeunisme, paresse, capitalisme débridé, parachutes dorés des grands patrons... Mais dans quelle société vivrions-nous si mai 68 n’avait pas eu lieu ? Mai 68, ce fut l’ouverture et la libéralisation d’une société encore très largement paternaliste, répressive et bureaucratique. Mai 68, ce fut un moment décisif pour l’émancipation des femmes, avec le développement du mouvement féministe et des revendications en faveur de la légalisation de l’avortement. Mai 68, ce fut la reconnaissance des droits sociaux et politiques des étudiants, la réforme des universités et la fin du mandarinat. Mai 68, ce fut une immense aspiration au pluralisme de l’expression politique, dans un pays où le pouvoir contrôlait directement ’information à travers l’ORTF. Mai 68, ce fut une lutte des travailleurs pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail, sanctionnée par les accords de Grenelle et la création de la section syndicale d’entreprise. Mai 68 a été la plus grande grève ouvrière dans l’histoire de la France et fut porteuse d’une volonté de transformation sociale et culturelle qui ne se limitait pas à une « révolution des moeurs ». Chaque mouvement social a sa propre histoire. C’est aujourd’hui une autre histoire. Ou, plus exactement, la suite lointaine de la même. Mais il n’y a plus de « culture » de 1968. Ou alors il n’y a plus que cela, tant elle est devenue le bien commun de tous. Malgré tout, il subsiste quelque chose d’intemporel que 1968 n’a pas inventé, c’est l’esprit de révolte et le goût de l’utopie. C’est pourquoi nous lançons un appel à l’ensemble des acteurs culturels, associatifs, syndicaux, politiques à préparer, susciter, organiser, rassembler les initiatives du printemps 2008 autour de cet anniversaire. Les signataires de cet appel, regroupés dans le collectif « Oser penser, oser parler, oser agir », lancent un appel à la Fête, à la réflexion, à l’expression et à l’avenir. Au fond, il n’y aurait qu’une seule et fidèle façon de se souvenir de 68 pour le prochain printemps. Celle que nous épargnerait une actualité sociale et culturelle trop abondante ...
OCTOBRE 2008 la finance mondiale:
tout va exploser
Les Co-auteurs du Livre : "La finance mondiale : Tout va exploser" (parution prévue le 15/11/2008)
- Morad EL Hattab, Ecrivain-Philosophe, Conseiller expert en stratégie géopolitique et financière
- Philippe Jumel, Diplomé de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris.
Perspectives économiques US
24 décembre 2007 - Chaque fin d’année, Linda Moulton Howe publie sous forme d’une interview de Gérald Celente, les perspectives économiques aux Etats-Unis pour l’année à venir. Gérald Celente est l’éditeur du Trends Journal, spécialisé dans l’analyse des tendances financières. C’est une composante intéressante pour apprécier la marge de manoeuvre des dirigeants américains dans le domaine qui nous concerne ici..
Gerald Celente - “Les Etats-Unis vont être frappés d’un 11 Septembre économique en 2008. La pyramide va s’effondrer en partant du sommet jusqu’à la base, tout comme les tours du World Trade Center. On parle en ce moment de la crise du marché des Subprimes. C’est effectivement un problème, mais ça ne représente rien comparé à ce qui va se passer quand des compagnies majeures vont commencer à vaciller, on va assister à la déroute des banques, et à une panique boursière. La bombe est en place, il ne reste qu’à allumer la mèche, et nous pensons que ça se produira avant Juin 2008. En 2007, nous avons constaté les premières lézardes dans l’édifice.
LMH : “Qu’est-ce qui a amené autant d’institutions financières à s’engager aussi massivement sur le marché des Sub-primes au cours des deux dernières années ?”
Gerald Celente - “C’est l’appat
du gain et la passion du jeu. Ca va bien au-delà du marché des
Subprimes. Il y a une compagnie à New York, selon le The New York Times,
qui contrôle environ 7 milliards de dollars de bien immobiliers. Le NYT
explique comment ils ont réussi à manoeuvrer alors qu’ils
ne disposaient que de 30 millions. C’est toujours comme ça que
ça se passe. Ils font toutes ces opérations sans vraiment avoir
l’argent nécessaire. C’est ainsi qu’on voit Carlisle
Real Estate et Blackstone - des groupes dont on n’avait jamais entendu
parler, à part les spécialistes - qui tout à coup se mettent
à acheter des compagnies importantes qui valent des milliards de dollars.
Ils font ça avec de l’argent artificiel. Ces gens formés
à Princeton, Yale, Harvard et dans les écoles Ivy League, se sont
associés pour monter des gros coups. Et que font-ils quand la machine
s’enraye ? Ils pointent du doigt les catégories pauvres : ‘Oh,
c’est de leur faute ! Ils avaient perdu la tête. Ils auraient du
lire les clauses en petits caractères sur leurs contrats.’
L’affaire des Subprimes n’est que le signe avant-coureur de ce qui
va se passer, parce que les vrais coups tordus sont en amont - avec les prises
de contrôle inconsidéres : comme le rachat de Chrysler Corp. par
Cerberus Corp. Qui avait entendu parler de Cerberus ? Qui retrouve-ton parmi
les Directeurs : Jack Snow, l’ancien Ministre des Finances. Et Dan Quayle
? Ils l’ont recasé : il en fait partie également.
Voilà ce qui se passe, Linda. Ca va bien au-delà des spéculations habituelles et de l’arnaque des petits épargnants. Ils vont causer l’effondrement de tout le système, et plus personne n’a le contrôle. La Banque Suisse a annoncé qu’elle allait vendre 250 tonnes d’or d’ici Septembre 2009, afin de pouvoir acheter davantage d’argent pour maintenir les choses en l’état.”
Pour l’heure on ne parle que de crise financière, mais attendez de voir la faillite commerciale… les grands distributeurs vont disparaître les uns après les autres. L’Amérique va s’installer dans le provisoire, le nombre des SDF va se multiplier, et l’on verra partout se constituer des zones d’habitation précaire. Des gens vont commencer à occuper les pavillons désertés. La criminalité sera en augmentation exponentielle…
Ce pays va connaître une révolution. Ca ne sera pas pour tout de suite, mais ça commencera par des mouvements de révolte contre l’impôt. Nous pouvons le prévoir, parce que l’analyse des tendances suppose que nous ayons une bonne connaissance de l’histoire. Au cours du 19ème siècle, et au début du 20ème, nous avons vu comment les banques ont mis la main sur ce pays. (…) La révolte n’aura rien d’idéologique, elle concernera tout le monde, parce que les gens ne pourront plus s’en sortir.“
Cependant tout n’est pas noir : “Nous allons assister à de profonds changements qui bénéficieront aux milieux populaires. Le système actuel est conçu sur des structures dont on disait qu’elles étaient trop importantes pour faillir. Mais il n’y a pas assez d’argent dans le monde pour les sauver du désastre. Nous allons connaître une période d’hyper-inflation telle que nous n’aurions pu l’imaginer, comme celle qu’ont connu l’Argentine ou le Brésil. La chute des prix sera spectaculaire, mais relativement au dollar, tout restera très cher. Nous parviendrons alors à la remise en cause du système de consommation. Ce qui pourra permettre une Renaissance, avec l’émergence d’un esprit communautaire.
L’affaire des subprimes ne représente qu’environ 2 milliards de dollars, mais ça a permis aux bureaucrates de désigner une cible facile, en qualifiant d’irresponsables tous ceux qui avaient emprunté au-dessus de leurs moyens. Il va falloir maintenant s’intéresser à des acrobates financiers tels que le Groupe Carlisle, Blackstone, ou Cerberus - qui ont acheté Chrysler ou la chaine Hilton sans mettre l’argent sur la table ! Ce sera la prochaine pelote à dévider..”
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ELECTIONS AMERICAINES : QUELS ENJEUX DANS UNE CONJONCTURE INTERNATIONALE INCERTAINE?
OBAMA président une solution à la crise? une nouvelle revolution?
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