Confluences

 

 

 

 

 Dans la solitude étoilée

 

D’un rêve toujours renouvelé

Je me suis immobilisé

En invoquant l’Eternité.

Mais ce parfum venant de toi

Qui me poursuit comme une Loi

Ne m’accorde pas de répit

Et alimente mon dépit :

Comment pourrais-j(e) te désapprendre,

Comment pourrais-j(e) te désaimer

Quand ces effluves du passé

Remontent comme de vieilles cendres

Dans la mémoire du verbe « aimer » ?

Nos vieux amis au cœur cassé

Ont emporté nos souvenirs,

Et à la Baie des Trépassés

Les ont dispersés sans rien dire,

Laissant le soin à l’Océan

De rendre un hommage glacé

A ces histoires d’un autre temps

Que tout le monde a oubliées…

 

 

                              Visions Outrepassées

 

J’ai vu des châteaux nains déversés de noirs destins sur d’étranges rêveurs ; j’ai vu des colonies de sombres couleurs écartelées d’ennui et d’horreur et, là-bas, dans d’improbables pays, j’ai vu des filles aux cheveux de brume écarter les cuisses sur les comptoirs du Désir : d’avenants jeunes gens venaient embrasser leur sexe béant en pleurant comme des nouveaux-nés.

Oh ! J’ai vu tant de soleils s’éteindre que toute obscurité m’est une lueur, toute clarté une vive lumière.

J’ai vu des veuves éplorées étreindre leurs souvenirs dans de vieux élans somptueux : leurs doigts crochus déchiraient le voile opaque du Temps et, jaillissant comme une lave éteinte, un flot de néant se répandait comme une nuit horrible sur leurs visages endeuillés. Pourquoi sont-elles devenues ces momies larmoyantes ?

 

Nulle âme ne soutient nulle vie !

Nulle âme ne soutient nulle vie !

 

J’ai cru moi aussi aux promontoires des bonheurs possibles, j’ai voulu moi aussi me hisser sur les terres surélevées d’un amour impérieux, mais, retombé, je me suis retrouvé dans les lagunes tristes d’une vie blanchie par la Banalité.

Dans cet exil quotidien, j’ai senti le silence s’enroulé autour de mon cou comme un invisible foulard étrangleur.

Dans les repentirs violacés assombrissant le ciel, j’ai cru discerner le ruban sanguinolent d’un cordon ombilical. Mes origines ? Ma Mémoire d’Avant ? Ma Mère ?

Non ! Cette vision hallucinée est la forme sous laquelle me revient un souvenir révoltant : celui d’une jeune femme qui urinait sur ses rêves pendant que des hommes sans scrupules la prenaient violemment ; en accomplissant cet acte bestial, c’est plus de deux mille ans de cauchemar qu’ils projetaient d’éjaculer dans ce corps-dépotoir.

J’ai traversé des régions dévastés par des cris d’hommes et de femmes condamnés à être hantés par de vieux rêves écroulés qui pourrissaient dans leur cœur.

J’ai rarement vu la Beauté. Peut-être n’est-elle que le visage assoupi de la Laideur lorsque celle-ci, fatiguée de son règne sans partage, s’endort un instant sous le scintillement blafard de quelques étoiles égarées.

 

D’où nous vient cette immense solitude ?

 

 

 

 

 

 

 

 


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